Kévin Le Révolté by Hayden Torey

Auteur:Hayden, Torey [Hayden, Torey]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Témoignage, Pédopsychiatrie, Psychanalyse, USA
Éditeur: 3000 Ebooks Torrent
Publié: 2011-03-24T08:33:08+00:00

Dans un sens, nous n'avons même jamais eu de questions. Nous n'avons vraiment rien.

L'hôpital me réclama. Ils avaient senti, j'imagine, le rôle étrange et suspect que je jouais dans cette affaire.

En outre, Kevin ne parlait plus. Il n'avait pas dit un mot depuis son entrevue avec la police. Aussi, après avoir passé une heure avec Jeff dans le bureau, à ramasser les vestiges de nos tiroirs, je repris ma voiture et partis pour le Mortenson Hospital, à l'autre bout de la ville.

C'était un centre hospitalier immense o˘ je n'étais jamais entrée, car il n'avait aucun lien avec la clinique. Il était b‚ti sur un affleurement rocheux qui dominait la ville, et possédait des b‚timents de sept à dix étages selon les points de la colline o˘ il s'ancrait. C'était un complexe gigantesque, qui étalait ses antennes, tel un gros animal repu, jusque sur les corniches surplombant le fleuve.

Bien qu'à vocation essentiellement médicale, l'hôpital disposait du service psychiatrique le plus important du comté, ainsi que de la seule unité de sécurité équipée pour la détention des malades mentaux dangereux. Le cinquième étage était entièrement consacré à la psychiatrie, et accéder à ces locaux constituait en soi une épreuve. Il fallait prendre un ascenseur public jusqu'au quatrième étage, puis dénicher l'ascenseur privé qui ne montait qu'au cinquième, et pour l'utilisation duquel on devait être accompagné, ou muni d'une clé spéciale. Au cinquième, la cabine débouchait sur un bureau de réception, o˘ le préposé, après avoir vérifié la teneur du rendez-vous, actionnait l'ouverture électronique d'une énorme porte métallique. Derrière laquelle se dressait une autre double porte. Là, il fallait appuyer sur un bouton pour avertir le service, et un membre du personnel venait déverrouiller l'un des battants.

J'avais déjà fréquenté des services psychiatriques de toutes sortes, mais jamais je n'avais vu un système de sécurité aussi imposant que celui-là. Lorsque je m'y fus habituée, je parvins à effectuer tout le parcours en quatre ou cinq minutes, si les ascenseurs coopéraient.

Mais ce premier jour, je me perdis à plusieurs reprises, et fus embrouillée et cuisinée par un nombre invraisemblable d'individus en blouse blanche avant de parvenir enfin au terme de mes errances, près de vingt minutes après avoir franchi la porte d'entrée.

Kevin était dans sa chambre. Une pièce longue et étroite pourvue d'une fenêtre assez grande, au fond, d'un lit et d'une commode qui en réduisaient encore la largeur. Il y avait aussi une petite chaise de plastique, d'o˘ débordait de toutes parts la grande carcasse vautrée de Kevin.

Il me dévisagea lorsque l'infirmière me fit entrer. Il ne semblait pas particulièrement surpris de me voir. Peut-

être savait-il depuis longtemps que ses faits et gestes me ramèneraient à lui d'une façon ou d'une autre.

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